Mercredi 10 octobre 2018 à 19h
De la coiffure à la torture
Mythes, rituels et symboles du peigne
conférence publique par Yves Vadé
Agrégé de Lettres classiques et professeur de littérature moderne et contemporaine
Banal objet de toilette de nos jours, le peigne a connu des moments plus glorieux. En rapport avec la sacralisation et les symboliques de la coiffure au cours des âges, il renvoie à un ensemble des coutumes, de croyances, de récits mythiques ou merveilleux dont on voudrait donner un aperçu dans le domaine européen.
Objet précieux, parfois talismanique, il participe au rituel de la coiffure chez les Celtes, où se faire couper les cheveux par un parent est une marque d’allégeance en même temps que de civilité (voir dans le Mabinogi l’histoire de « Kulhwch et Olwen »).
Alors que dans les royaumes « barbares » et notamment chez les Germains une abondante chevelure est signe de vertu guerrière, le peigne devient à l’époque chrétienne symbole de purification, et des peignes liturgiques ornés de scènes religieuses sont réservés aux officiants, principalement aux évêques.
Dans les contes, il arrive que le peigne se transforme magiquement en obstacle (le plus souvent en forêt) à l’encontre de poursuivants. C’est aussi l’attribut des sirènes et, au Pays Basque, des fées en général.
Par ailleurs, des peignes de fer étaient utilisés dans la préparation du chanvre, suite aux délicates opérations du rouissage dont Mélusine, s’il faut en croire Claude Gaignebet, était la « redoutable image ». Et ce n’est évidemment pas un hasard si un peigne de ce genre devient l’instrument de torture qui, selon la légende, entraîne la mort de saint Blaise, patron (entre autres) des peigneurs de chanvre et des tisserands.
Ce qui n’empêche pas le peigne ou le démêloir de rester, jusqu’en plein 20e siècle, un objet de prestige et une marque d’élégance féminine. Ouvragé en différentes matières, de la corne à l’or, il reflète les goûts d’une époque et les styles qui se succèdent dans l’évolution des arts décoratifs.
Lieu de la conférence : Mairie du 9ème arr., 6, rue Drouot - Paris 9° (salle du Conseil, porte D, 2ème étage) (M° Richelieu-Drouot)
Entrée publique et gratuite.
Conférence organisée par le Groupe Île-de-France de Mythologie Française (GIDFMF)
Yves Vadé est agrégé de Lettres classiques et professeur de littérature moderne et contemporaine à l’université Michel de Montaigne Bordeaux III
Fondateur de la revue « Modernités », il continue à en superviser les publications et le groupe de recherches.
Président de la Société des Etudes euro-asiatiques de 1999 à 2015, il se consacre actuellement à des recherches sur les Celtes, et plus spécialement sur les structures de l’espace gaulois.
Publications
Outre plusieurs ouvrages et de nombreux articles consacrés à la littérature des 19ème et 20ème siècles, Yves Vadé a notamment publié
" L’enchantement littéraire, écriture et magie de Châteaubriand à Rimbaud » ( Gallimard 1990) .
Il poursuit ses recherches sur l’imaginaire, la mythologie et l’espace mythique, et publie en 2008 chez José Corti « Pour un tombeau de Merlin ».
Il assure la direction éditoriale de la collection « Eurasie » éditée par l’Harmattan, dont il a préfacé de nombreux volumes.
Il est également auteur de plusieurs articles du « Dictionnaire des mythes littéraires» des Editions du Rocher. Il a aussi collaboré à de nombreuses revues et publié ses contributions à des colloques internationaux consacrés aux mythes.
Dans le cadre des conférences sur "La mythologie des postiches, des poils et des cheveux", thème choisi pour l'année 2018, le Groupe Île-de-France de Mythologie Française organise trois rencontres au cours de l'année :