Qui a assassiné Saint Arnoult?

Les nombreux franciliens qui empruntent la célèbre barrière de péage autoroutier de saint Arnoult, dont le nom est celui de la petite ville proche, ne se doutent pas qu’ils côtoient un très ancien lieu sacré.

En effet ce lieu, selon la légende, a été le théâtre d’une dramaturgie dans laquelle Arnoult un noble mérovingien et saint personnage aurait joué le rôle d’une divinité archaïque que l’on représente porteuse de cornes de cerf.

Le texte d’un moine du XIème siècle qui relate sa vie nous indique que suite à une fin tragique par assassinat à Reims par les serviteurs de son épouse Scariberge, nièce de Clovis, la dépouille d’Arnoult fut convoyée vers Tours, lieu de son épiscopat. Mais les bœufs qui tiraient le convoi s’immobiliserent en chemin au lieu actuel du village de saint Arnoult indiquant par là que le saint homme devait être inhumé à cet endroit. C’est alors qu’un cerf poursuivi par les chasseurs vint se réfugier sous le charroi.

Est-ce en raison de la ramure de cet animal qu’Arnoult fut qualifié de « patron des cocus » dans « le Roman de la Rose »(1237) de Guillaume de Lorris et que son nom Arnolphe a été donné par Molière au plus célèbre cocu de la littérature française dans L’Ecole des femmes ?

Faut-il détecter dans cette légende la présence ancestrale du dieu aux cornes Cernunnos ? là sans doute réside la réponse à la question de savoir qui au juste a assassiné saint Arnoult.

Un article paru dans « La Lettre d’Île-de-France » N° 71 se penche sur cette légende. En voici un extrait :

"…C’est à cet endroit fortement marqué par un contexte mythologique qu’apparaît dans le récit l’épisode du cerf qui se réfugie sous le char d’Arnoult. Comment ne pas penser avec toutes ces cornes et saints patrons cornus au dieu gaulois Cernunnos à la ramure de cerf, c’est à dire, nous dit Bernard Sergent « en fait Lug, dont les formes Esus et Cernunnos connotent le cycle annuel » ? Ne serait ce donc pas Cernunnos, (dont d’ailleurs l’une des plus célèbres représentations se trouve à Reims sur un autel du IIeme siècle, dans cette même ville où Arnoult est assassiné), dont notre rédacteur évoquerait symboliquement le cycle dans son récit codé de la vie de saint Arnoult ? Ainsi sous sa forme de cerf, le jeune dieu qui s’est refait des forces dans le monde souterrain vient prendre place auprès de la déesse souveraine des Celtes (Scariberge) dont il devient le nouvel amant…."

La suite, dans "La Lettre N° 71

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