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Sainte Barbe "La belle éveillée"

Dernière mise à jour : 25 sept. 2020



A l’évocation de sainte Barbe, les Franciliens d’aujourd’hui pensent bien plus souvent à une fête qu’à la sainte chrétienne qui en est à l’origine.

Sainte Barbara (dont Barbe est la francisation), fêtée le 4 décembre, a pourtant été au Moyen Âge tardif et à la Renaissance une des figures majeures du christianisme, comme l’atteste l’iconographie.


Représentée alors fréquemment aux côtés de sainte Catherine, ou Marie-Madeleine, Marguerite, ou encore Lucie, elle fait partie des saintes populaires de Paris, que Pierre Gordon apparente aux anciens rites initiatiques.

A qui veut la reconnaître, elle se signale par sa beauté et son attribut principal : la tour, dans laquelle elle fut recluse, puis métamorphosée avant d’en être libérée, comme tant d’autres figures féminines du fonds mythologique européen.


Sa terrible légende en a fait la sainte de « tout ce qui tonne et détonne », ce qui explique le nombre vertigineux de ses patronages (ils seraient autour de 40) : mineurs, pompiers, artilleurs, artificiers, et ingénieurs sont parmi les plus connus et les plus vivaces. Des Invalides au Quartier Latin, la Sainte-Barbe gronde encore grâce aux corporations et écoles perpétuant une tradition en oubliant souvent la sainte dont le premier patronage fut celui des alchimistes. L’article paru dans la Lettre n°87 du GIDFMF revient sur tous ces points et les développe après un rappel de l’hagiographie, et fait le point sur l’héritage des festivités de la Sainte-Barbe en les raccrochant au sens profond du culte à cette sainte.


Un article d'Alexandrine Vayssac paru dans La Lettre d'Île-de-France N° 87 se penche sur ce personnage. En voici un extrait

« La légende de Sainte Barbe, se rattache en partie au motif fondamental de la culture populaire européenne de la jeune fille enfermée dans la tour, commun autant à la mythologie grecque ou germanique qu’aux contes populaires britanniques ou catalans.

Dans la mythologie grecque, la figure de Danaé tient ce rôle : la mère de Persée fut elle aussi enfermée dans une tour par son père, consécutivement à l’oracle précisant que ce dernier serait tué par son petit-fils. La tour d’airain était également dépourvue de toit, comme au départ celle de Sainte Barbe, et ainsi Zeus parvint à s’unir à Danaé en se transformant en pluie d’or (… ).

Dans la tradition nordique existe une figure mythologique qui fut elle aussi enfermée dans une enceinte à ciel ouvert : Brunehilde, une walkyrie qui, suite à sa désobéissance à Odin, fut plongée par celui-ci dans un sommeil magique et enfermée dans un mur de flammes dont seul un homme apportant l’or de Fafnir pourrait la délivrer. Le héros Sigurd suça son doigt trempé dans le sang du dragon Fafnir qu’il venait de tuer et comprit alors le langage des oiseaux. Ces derniers lui dirent de libérer Brunehilde. Sigurd traversa le mur de flammes et réveilla la walkyrie (…).

Le mythe de la « belle endormie » dans sa tour et réveillée par un preux jeune homme a fait florès dans la culture populaire d’Europe de l’Ouest. (…) Le personnage de Rapunzel s’inscrit dans ce thème folklorique de la jeune fille enfermée dans la tour, mais à l’instar de sainte Barbe et Danaé, elle est pour sa part une « belle éveillée ».

La légende de sainte Barbe trouva donc en Europe un socle folklorique sur lequel reposer. Le christianisme y apporta ses modifications : pas de prince charmant ni d’enfant procréé, ou du moins l’union est abordée sous sa forme hiérogamique pour une forme d’auto-procréation par la renaissance à un état spirituel parvenu à son niveau ultime (… ) Le symbole de la femme recluse dans la tour a octroyé à sainte Barbe son tout premier patronage : celui des alchimistes. Ceux-ci virent dans sa légende et sa représentation l’illustration de la transmutation de l’âme dans l’athanor… »

Alexandrine Vayssac est l'auteure d'un livre intitulé

"Sainte Barbe, de la tour à la foudre", éditions du Cosmogone 2013


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